Février 2023. La météo annonce un grand soleil et des températures vraiment agréables dans le sud de la France. Ni une, ni deux, je regarde les endroits où je peux partir en bikepacking pendant quelques jours. Mon attention se porte plus précisément sur le Canal du Midi. Il y a déjà quelques années, j’avais parcouru le canal latéral à la Garonne, et je m’étais dit que je ferai la partie « Toulouse-Mer Méditerranée » plus tard. C’est donc parti pour le canal du midi à vélo en 3 jours !
Préparation du Canal du Midi à vélo en 3 jours
Au niveau de l’itinéraire, cette petite aventure ne nécessite pas beaucoup de préparation. En effet, « il suffit » de suivre le canal pour ne pas se perdre (je mets « il suffit » entre guillemets, car j’ai dû faire de multiples détours, je vous explique ça dans la suite de mon récit). Cependant, je voulais tout de même me renseigner sur le type de surface que j’allais avoir. Le chemin de halage du Canal du Midi est réputé pour être assez difficile par moment, avec de nombreuses racines sur le chemin, etc. En m’aventurant sur ce parcours, c’est un des points que je voulais vérifier : est-ce si difficile que ça ?
Pour répondre à cette question, je décide de faire un choix bien particulier pour le vélo qui va m’accompagner : un ancien vélo de route en acier qui me servait à faire du vélotaf. Je n’ai pas voulu prendre mon vélo de route en carbone comme lors de ma traversée des Cévennes pour plusieurs raisons :
- Je savais que je n’allais pas passer partout avec un vélo de route classique.
- Sur de longues distances, je ne me sens pas à l’aise à cause de ma position trop compétitive, qui me fait vite avoir mal aux bras et au dos.
- Je veux prouver qu’il est possible de voyager à vélo avec n’importe quelle bicyclette, même si celle-ci est plus vieille que vous !
Voici donc mon bolide pour ce périple de 3 jours : un fabuleux Motobécane. J’ai tout de même réalisé quelques modifications pour le rendre plus confortable : j’ai changé les pneus pour avoir une plus grosse section et gagner en confort (section 32 mm), j’ai mis une cassette de vitesses me permettant de moins forcer, j’ai mis une selle plus confortable. Malgré tout, j’émets de très gros doutes sur un élément que je n’ai pas touché : le guidon. La guidoline est sur le point de partir, le guidon est petit et pas confortable, les leviers de freins ne sont pas bien positionnés. Vous verrez plus tard que mes doutes se sont bien confirmés !
Au niveau des sacoches, j’en possède 3, toutes de la marque Topeak :
- Une sacoche de selle avec mon sac de couchage, mes habits civils et mon réchaud.
- Une sacoche de guidon avec ma tente et mon matelas.
- Une sacoche de guidon avec pas mal de bordel : couteau, carte bancaire, kit de réparation…
En plus, je porte un tout petit sac à dos avec une poche à eau et toujours quelque chose à manger à l’intérieur. (Pour plus de détails sur mon matériel de bikepacking, je vous invite à lire cet article)
Avec tout ça, je suis enfin prêt à partir !
Jour 1
Première étape : rejoindre Toulouse et le début du Canal ! Je prends un TER qui permet de voyager avec un vélo non démonté. À noter que sur l’application SNCF Connect, le compartiment à vélo n’est toujours pas indiqué.
Une fois arrivé à Toulouse, c’est parti pour réaliser le Canal du Midi à vélo en 3 jours !
Malgré la petite brume du matin, il fait bon et le soleil ne tarde pas trop à sortir. Les premiers kilomètres pour sortir de la ville sont agréables. Rapidement, la ville rose fait place à la campagne et au silence de la nature… ou presque !
En effet, le Canal du Midi va pendant un bon moment longer l’autoroute A61 des Deux Mers. Tant pis pour le calme et la tranquillité. Le paysage est tout de même agréable et la voie cyclable est très roulante. À la sortie de Toulouse, la voie qui longe le canal est une véritable piste cyclable goudronnée. Cela me permet donc d’avancer assez rapidement par rapport à mes estimations.
Étant en février, je ne m’attends pas à croiser énormément d’autres personnes. Au départ, des familles et des amis profitent tout de même du soleil pour se balader ou faire du sport. Mais pas d’autres voyageurs à l’horizon. Je continue donc ma route à mon rythme, en profitant de ces derniers jours de beaux temps !
Avec ma vieille monture, je ne sais pas combien de kilomètres je suis capable de réaliser chaque jour. L’objectif est de relier Toulouse à Béziers. Mais si je me sens en forme, il est possible de rallonger de 20 km pour se rendre jusqu’à Agde. Pour le moment, pas de stress. Ce n’est que le début d’après-midi et j’ai encore quelques heures pour avancer avant la tombée de la nuit.
Mais un élément va me faire grandement ralentir. Le passage du département de la Haute-Garonne vers le département de l’Aude signe la fin d’une voie cyclable parfaitement goudronnée. En remplacement, le Canal du Midi est maintenant bordé par un chemin en gravier ou en terre. Est-ce le début des ennuis ? Je ne le sais pas encore et seul le futur me le dira ! (et vous la suite de cet article 😋)
Les points d’intérêts ne sont pas nombreux pour le moment. Un des plus intéressants de la journée est la ligne de partage des eaux de Naurouze. Cet endroit est si particulier sur le canal, car il est le point culminant. Cela signifie que d’un côté, l’eau s’écoule vers Toulouse et donc l’océan Atlantique, et de l’autre côté que l’eau s’écoule tout droit vers la Mer Méditerranée. C’est aussi ici que le canal est alimenté en eau. Son concepteur Pierre-Paul Riquet voulait rediriger l’eau de la Montagne Noire pour alimenter son canal.
La suite du périple devient un peu plus compliquée. Le revêtement du chemin n’est pas vraiment bien et il faut faire attention à éviter les multiples pièges (racines, cailloux, trous). De plus, le vent commence à se lever, mais dans le moment sens, c’est-à-dire de face ! Pour terminer, les heures de pédalage commencent à se faire sentir et je ne suis plus aussi efficace que ce matin.
Je me donne un objectif : faire 90 kilomètres et rejoindre la ville de Bram pour faire le plein d’eau et ensuite trouver un endroit de bivouac. Objectif atteint, et vers 17h30, je me repose sur une aire de jeu en m’engouffrant un paquet de gâteau presque en entier 😂
De l’autre côté du canal se trouve un tout petit chemin qui ne semble pas très fréquenté. Il mène jusqu’à une écluse où personne n’a l’air d’y vivre. Je décide donc d’établir mon campement à cet endroit, entouré d’arbres et un maximum à l’abri du vent et des regards.
Ma soirée sera destinée à manger, écouter un livre audio et regarder des vidéos sur YouTube.
Jour 2
Lors de mes nuits en bivouac, je n’arrive pas à bien dormir. Et cette nuit ne fait pas exception à la règle. Je me réveille de nombreuses fois et je n’arrive à bien dormir que tôt le matin.
Mais il est 8h et il est déjà tant de se réveiller pour ne pas partir trop tard. Il me faut environ 1h30 pour me réveiller, prendre mon petit-déjeuner, m’habiller, replier ma tente Qaou et ranger toutes les affaires de nouveau dans les sacoches.
Le vent ne s’est pas calmé et a soufflé toute la nuit. Il n’a pas non plus changé de direction. Pour couronner le tout, le soleil est remplacé par les nuages. Cette journée risque donc d’être plus difficile que celle d’hier.
Cela va se vérifier dès les premières minutes. Le chemin est constitué de gros gravillons qui freinent la progression. Mes pneus en 32 mm ne sont pas suffisants pour rouler correctement. Une section plus importante ou carrément un VTT devrait permettre un meilleur rendement. Mais j’assume les choix que j’ai faits et je décide de toujours rouler à mon rythme, sans devoir trop forcer dès le début et en essayant de conserver mes forces pour la journée qui ne fait que commencer.
Le type de terrain va énormément varier au fil de la journée. Parfois, le chemin sera remplacé par de la route. Puis, elle fera place à une piste en terre lisse pour au final redevenir un bac à gravier ou se rapetisser jusqu’à devenir un sentier en singletrack. Au final, cette diversité est un frein à mon avancement, mais aussi un point positif. En effet, ce changement de terrain apporte un plus qui contrebalance la monotonie du canal.
Pour continuer dans les galères, je me rends vraiment compte du mauvais choix que j’ai fait au niveau du guidon. Celui-ci me fait vraiment mal aux mains et aux bras au fur et à mesure des heures qui passent. Je tente de changer de position, mais rien n’y fait. Lors de mes prochaines aventures, je devrais :
- Prendre un guidon plus grand pour permettre de bien le prendre en main, sans être gêné par la sacoche de guidon.
- Poser de la bonne guidoline épaisse pour avoir une matière plus confortable et amortissant les aspérités du chemin.
- Changer les freins qui ne sont pas du tout adaptés.
Malgré les difficultés, de beaux endroits sont à prévoir sur le parcours, notamment l’impressionnante cité de Carcassonne. Pour la beauté de l’effort, je monte à vélo jusqu’à son entrée, mais je ne rentre pas pour ne pas laisser mon vélo sans surveillance.
Pour cité une autre construction, cette fois typique du Canal du midi, je voulais vous présenter l’épanchoir de l’Argent-Double. Il permet tout simplement d’évacuer le trop-plein d’eau du canal dans la rivière de l’Argent-Double, située juste en dessous. Au-delà des multiples écluses qui se ressemblent, cet autre type de structure apporte un réel intérêt à faire le canal du midi à vélo en 3 jours (ou plus, ou moins, c’est vous qui décidez 😉)
Mon objectif du jour est le suivant : faire 70 km pour n’avoir qu’à faire 60 km pour la dernière étape. Avec le vent et le terrain, ces 70 km seront beaucoup plus difficiles à réaliser que les 90 de la veille. De plus, une douleur au genou droit commence à pointer le bout de son nez. Pour ne pas risquer de me blesser davantage, je fais plus de pauses.
Au final, je parviens jusqu’au petit village d’Argens-Minervois, où un robinet sera ma récompense de la journée pour pouvoir me laver et me changer. Après, je remonterai quelques minutes sur ma bécane pour trouver un spot parfait pour dormir. Cet endroit sera un espace d’herbe entre 2 champs de vignes.
Le repos est bien mérité, en espérant que la dernière journée sera meilleure.
Jour 3
Les premières lueurs du soleil me réveillent. Le vent semble être calmé.
Une fois mon rituel de rangement fini, j’enfourche mon vélo. Me voilà reparti pour la dernière étape de mon périple sur le Canal du Midi à vélo en 3 jours.
Bonne nouvelle, mon genou ne me fait plus aussi mal. Comme tous les vélos de cette époque, les vitesses se trouvent directement sur le cadre. Le changement répété de vitesse pendant des heures me fait donc décaler le genou. Cette douleur peut provenir de là.
Il y a un train retour aux alentours de 17h, cela me laisse le temps nécessaire pour accomplir les 60 kilomètres qui me séparent de Béziers !
Ce temps, il me le fera aussi pour faire les nombreux détours que je vais devoir réaliser. Un point que je n’ai pas encore abordé est le grand nombre de travaux le long du Canal du Midi. Je pense que l’hiver permet à la compagnie des Voies navigables de France (VNF), qui gère l’entretien du canal, de réaliser bons nombres de travaux pour remettre à neuf la voie fluviale et les chemins de halage.
Mais le problème est que ces travaux ne sont indiqués qu’au dernier moment. Je suis donc forcé à de multiples reprises à faire demi-tour pour retrouver un chemin annexe, ou pour prendre la route. De temps en temps, il était aussi possible de passer en faisant attention de ne pas déranger.
Malgré cela, j’avance beaucoup plus vite que prévu : le type de surface est de nouveau roulant et un léger vent de dos me pousse ! Je revis. Il est enfin possible de prendre un peu de vitesse et de se faire plaisir à travers les chemins du Canal du Midi. Voyant que je suis largement en avance, je prends aussi le temps de m’arrêter pour bien manger. Au menu depuis 3 jours, c’est baguette de pain avec du pâté ou du houmous le midi, et semoule épicée le soir, le tout accompagné avec des biscuits et des fruits. Je m’arrête au supermarché chaque jour pour refaire le plein et éviter de me charger inutilement. Il est facile de trouver des épiceries, car le canal traverse de multiples villes et villages. De même pour les points d’eau : il y a plusieurs robinets le long du parcours. Sinon, quelques centaines de mètres de détours en ville permettent de rapidement trouver un point d’eau.
Côté tourisme, cette dernière étape sera la plus fournie : le pont du Somail, le tunnel de Malpas, les écluses de Fonseranes ou encore le pont-canal de l’Orb.
C’est ainsi que la route me mena jusqu’à Béziers. J’en profite pour le laver une dernière fois pour éviter de causer de trop gros dommages dans le train du retour. Je profite des dernières heures de météos clémentes, car à mon retour à Toulouse, la pluie est présente, et le sera encore pendant quelques jours.
Conclusion
Le canal du midi à vélo en 3 jours a été une petite aventure en bikepacking très sympathique. Elle m’a permis d’essayer un nouveau vélo, qui me resservira très certainement dans d’autres périples du même genre ! Si vous prévoyez aussi de voyager le long de ce canal, je vous invite à lire les articles suivant :
- Présentation du Canal du Midi à vélo : Je vous donne les informations générales au sujet de cet itinéraire.
- En combien de jours réaliser le Canal du Midi à vélo : Je vous donne les étapes clés et le nombre de jours idéal pour partir à l’aventure le long de ce canal